Depuis plusieurs années, décembre est synonyme, pour nous "joyeux drilles upiennes et upiens de la course à pied" de rendez-vous nocturne dans les monts du Lyonnais
Alors après huit semaines de préparation intense, c'est pour ne pas déroger à cette tradition que nous nous sommes retrouvés à 18 sur le parking de notre supérette samedi 7 décembre.
Non,non, ce n'est pas le départ pour une manif'!!!
Après la distribution des dossards et les recommandations d'usage ( remarquons que certains sont déjà très concentrés ) , nous prenons, en voiture, la direction de Lyon Gerland.
Nous garons les véhicules au parking VIP ( oui, oui!!! ) et après un petit tour dans le chapiteau des exposants d'équipements sportifs, nous rejoignons nos loges VIP ( on ne se refait pas !!!) dans les gradins du palais des sports de Gerland.
Nous sommes à l'aise dans ces sièges moelleux, bercés par l'ambiance musicale, à cent lieues d'imaginer les dures conditions de course à venir....
On resterait bien là pour la nuit, mais l'heure tourne et il est déjà temps d'enfiler " la tenue de combat ". Chacun a défini sa stratégie : pour les uns ce sera 3 couches, pour les autres 4, kway ou pas, bonnet ou serre tête, 1 frontale ou 2 ..........
Puis arrive un des moments fort de cette soirée.
La pasta party étant prévue à St Etienne et non à Lyon, il en fallait plus que cela pour nous déstabiliser car nous avions tout prévu : cuisson des pâtes et de la sauce bolognaise dans la journée à Upie, transport en container isotherme, auxquelles s'ajoutaient fromage et compotes...il y avait de quoi rassasier les appétits les plus féroces ( miam, miam....et grand merci à Josée, Cat et Laurent )
Quelques instants pour digérer cette bonne chère et nous voici prêt pour la photo de groupe.
Sont engagés dans cette folle aventure:
- sur le 21 km
- Agnès - Catherine - Josée - Sandra - Sylvie - Didier - Francis
- sur le 45 km
- Béatrice - Caroline - Sophie - Eric - Franck - Geoffray - Gérald - Lionel
- sur le 75 km
- Laurent - Yves - Daniel
Pour certains, c'est une grande première, pour d'autres c'est une nouvelle dimension, pour tous c'est la grande interrogation sur les conditions climatiques.....surprise, surprise!!!
A 23 heures est donné le départ du 21 et du 45 km.
A minuit, nous partons de St Etienne pour le 75 km.
Dehors il fait froid (-4°) mais l'ambiance est chaude sur les lignes de départ.
La course, difficile de la raconter, chacun va la vivre à sa façon avec ses périodes de doute et de solitude mais aussi de plaisir et de convivialité.
Nous avons alterné le bitume, la boue, l'eau, la neige et la glace....quel programme!!!
Je retiendrai ces descentes tantôt grasses à souhait transformées en ruisseaux, tantôt abruptes, anguoissantes même et qui deviennent vites excitantes.
Alors, se relacher dans ces moments et constater avec quelle vitesse le cerveau commande aux pieds d'éviter les écueils au sol, cela procure une poussée d'adrélanine inconnue du "sain d'esprit"
Ce n'est plus alors seulement une question de vitesse (que nous avons tous appris à maitriser!), non, ce plaisir de "grand malade" est surtout lié à la concentration totale requise pour ne pas tomber....et là, chapeau à tous car nous n'avons aucun bobo à déplorer!!!
Que dire des montées, sinon qu'elles nous sont apparues nombreuses, souvent violentes et toujours trop longues!!!
Je retiendrai aussi l'ambiance de certains passages : lorsqu'en pleine nature, on croise une dizaine de personnes venues de nulle part, frigorifiées sur le bord du chemin, débordant d'énergie, enthousiastes, survoltées même et nous encourageant à pleins poumons....alors l'émotion nous gagne, on serre les dents et on se dit qu'on va y arriver!!!
Je retiendrai aussi et surtout les grandes valeurs qui sont les ingrédients de la réussite de notre groupe : le courage, la persévérance, l'humilité, l'amitié, la solidarité et la complicité.
Au final, c'est vrai, les conditions de course étaient comme chaque année.....hivernales (c'est un peu normal en décembre) mais aussi exceptionnelles.
Dans ces conditions extrêmes, les performances deviennent secondaires...l'essentiel pour chacun d'entre nous étant de terminer...sans bobo.
Félicitations à celles et ceux qui ont réalisé un excellent chrono et grand bravo à tous d'avoir été au bout de vous mêmes.
Merci à tous pour votre implication dans cette belle aventure.
Merci aux parents d'Agnès pour ce petit déjeuner exceptionnel et tant apprécié.
Merci à toutes celles et tous ceux qui nous ont envoyés ces messages d'encouragement si touchants. Nous avons pensé à vous.
Toutes les photos sont dans l'album 2013- Saintélyon
Les classements sont ici link
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Vous pouvez également me transmettre vos photos pour compléter l'album.
Cette année, je le sens bien depuis quelques jours, j'ai sérieusement pioché dans mon capital physique.
Alors c'est décidé, je vais finir 2013 en douceur.
Même mon inspiration habituellement spontannée me fait défaut, alors, pour terminer mon petit reportage, ne m'en veuillez pas, mais je vais reprendre en la modifiant quelque peu, ma petite touche de poésie de l'année dernière........
Sans doute faut-il un jour avoir pris le départ d'une telle course pour comprendre.
Lorsqu'au petit matin dans l'enceinte du palais des sports de Gerland, les larmes se mêlent à la sueur, à la boue et quelques fois au sang, personne ne peut lire sur nos visages déformés par l'effort.
Le néophyte n'y verra là qu'une souffrance inutile. Il s'interrogera sur les motivations de ces corps épuisés et de ces gueules cassées.
Il observera ces silhouettes hagardes claudiquant comme des zombies dans les escaliers et les couloirs .
Il se dira " la Saintélyon, moi jamais ! "
Et pourtant, et pourtant, s'il savait..........!!!
Nous avons connu la féerie dans les chemins boisés et dans les paysages somptueux des monts du Lyonnais.
Nous avons apprécié le courage et la détermination de ceux marchent, chutent et se relèvent
Nous avons savouré le respect des uns qui s'encouragent, s'entraident et se motivent.
Nous avons haî le culot des autres (heureusement rares) qui nous bousculent pour nous dépasser dans des endroits trop étroits ou pour se servir aux ravitos.
Nous avons été plongés dans la magie sur des chemins tantôt bordés de neige tantôt boueux à souhait.
Nous avons vu, dans cette nuit glaciale, comme un vert luisant géant, ce ballet des frontales qui soulignait le relief des crêtes plongées dans l'obscurité.
Nous avons connu la bise, non pas la douce bise d'une jeune fille (ou d'un jeune homme) qui nous rosit les joues d'une douce chaleur, mais plutot d'un vent glacial qui nous oblige à relever le buff jusqu'au dessus du nez.
Dans les derniers kilomètres, tout a pris des proportions énormes:
- un trottoir devient une ascension
- un caillou une montagne
- un kilomètre une éternité
et 100 mètres représentent un véritable challenge
A l'arrivée, nous seuls pouvions mesurer l'ampleur de l'effort accompli et le caractère exceptionnel de cette course.
Ce que le spectateur voyait comme une souffrance, nous l'avons ressenti comme le dépassement de soi, l'amitié, le partage, la convivialité.
En y regardant bien, dans nos mines sales et fatiguées, ce sont ces valeurs qui transparaissaient et ce sont ces mêmes valeurs qui font le carburant de notre joyeuse bande de sportifs.
A bientôt
Daniel